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Utilisateur:AlekN/Adam Doboszyński

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Adam Doboszyński (1904-1949) Homme politique, penseur du mouvement national polonais. Il est grandement apprécié pour son talent d’écrivain et de publiciste.


Adam Doboszyński est né le 11 janvier 1904 à Cracovie, dans une famille de propriétaires terriens. Il est le fils d’Adam (1852-1929), avocat et docteur en droit, député au parlement à Vienne. Il est aussi l’éditeur du journal « Nowa Reforma » (fr: La Nouvelle Réforme), un des journaux les plus populaires en Galicie autrichienne. Il est propriétaire d’une petite exploitation agricole appelée Chorowice, près de Cracovie. La mère d’Adam, Nathalia Wiśniewska (1870-1973), a étudié la peinture aux Beaux-arts en France. I possède une sœur qui se prénomme Jadwiga (1902-1986).

Le jeune Adam Doboszyński obtient un baccalauréat médaillé en juin 1920, à l’École Nationale Supérieure générale à Cracovie, plus est, il décroche un certificat d’études en latin et philosophie au Gymnase Jean III Sobieski, roi de Pologne. Lors de la guerre polono-bolchévique, n’ayant que 16 ans, il se porte volontaire pour servir dans le Régiment d’Artillerie de campagne à Cracovie. On le dirige vers le 6 Régiment de d’Artillerie lourde. Il n’est pas envoyé au front et fin octobre 1920, il est réformé.

Après la guerre, il  commence des études supérieures à la Faculté des ponts et chaussées de l’École polytechnique de Gdańsk. Il y remplit la fonction de président de l’ « Association polonaise d’entraide estudiantine » et du « Mouvement des étudiants de Gdańsk-Wisła ». Par trois fois, il participe comme président de la délégation polonaise aux congrès internationaux de la Conférence des étudiants à Budapest. En janvier 1930, le Conseil national des corporations académiques, lui décerne la médaille d’honneur des Associations estudiantines polonaises, ainsi qu’un statut de membre honoraire.

D’octobre 1927 à septembre 1928, il fait son service militaire à l’École des sapeurs débutants dans la localité de Modlin, école qu’il termine comme premier de la promotion. En tant favori de sa promotion, il reçoit une épée honorifique avec son nom inscrit sur une plaque commémorative de l’école. Une fois son service miliaire terminé, il part pour Paris, où il continue ses études à la Sorbonne, puis à l’École libre des sciences politiques. Il rentre en Pologne en 1929, vu la maladie de son père. Après le décès de ce dernier, il s’occupe de gérer la propriété agricole familiale de Chorowice. Il devient membre de la direction locale de l’Association des propriétaires terriens de Cracovie (1930-1931).

 À l’automne 1928, il publie sa première brochure: Sur les pas de Malthus, vient ensuite un drame - Trans, puis un roman - Le verbe en gestation (pol : Słowo ciężarne).

En 1938, il s’inscrit au Mouvement de la Grande Pologne et part pour trois mois en Angleterre (1933). Il lui est donné d’y rencontrer Gilbert Keith Chesterton. Les discussions avec l’éminent écrivain ont grandement influencé ses convictions, surtout pour ce qui est économie et religion. Les conceptions se rapportant au partage des biens, la déconcentration du capital financier et la démonopolisation de la production, Doboszyński emprunte ces idées à Chesterton et Hillary Bellock. Son livre, édité en 1934, est intitulé « L’économie nationale » (pol : Gospodarka narodowa) reflète justement ces convictions. Après sa publication et suite à un entretien avec Roman Dmowski, Doboszyński s’inscrit durant  l’automne 1934, au Parti National (pol: SN).

La dernière publication livresque apporte à son auteur une grande popularité dans les milieux des jeunes du Parti National et de la Mouvance nationale démocrate (pol: ONR). La deuxième édition de « L’économie nationale » paraît en 1936, tandis que la troisième voit le jour l’année d’après.  

En suivant les pas de Saint Thomas d’Aquin, il propage les idéaux chrétiens dans le domaine de l’ économie et critique les théories libérales, syndicales, socialistes et communistes. Selon Doboszyński, la doctrine libérale basée sur le principe de l’homo oeconomicus, a fait faillite, car son principe est constitué par le désir du profit. Doboszyński  se réfère à l’encyclique de Pie XI,Quadragesimo anno, dont il tire la notion de  « propriété des masses ». Conformément aux encycliques sociales des papes, il fait la distinction entre propriété privée et propriété de la société. Un rôle particulier y est réservé à la propriété familiale, dans laquelle il perçoit la valeur personnelle du travail dû au propriétaire. Il se prononce pour une « socialisation » des grandes entreprises  - nationales et autonomes. Il avertit que « le prêt à usure et le profit capitaliste vont rapidement et infailliblement mener à la ruine et à la révolution ». La seule possibilité de s’opposer à ce processus est un assainissement de l’économie polonaise, conformément aux principes de la morale chrétienne. Doboszyński est un partisan du modèle corporatiste proposé par Pie XI dans l’encyclique Quadragesimo anno. Il critique cependant certains principes du corporatisme, instaurés en Italie par Benito Mussolini, à cause de leurs bureaucratie et du centralisme.

Il devient président de l’organisation départementale cracovienne du Parti National et en devient membre du Conseil d’administration, à Cracovie. C’est aussi dans cette ville qu’il fonde le cercle du syndicat des travailleurs: « Le Travail Polonais » (pol : Praca Polska). Le 14 août 1935, il organise un pèlerinage au sanctuaire de Kalwaria Zebrzydowska, auquel participent près de quatre milles membres du mouvement national. C’est à cette occasion qu’il écrit la  Prière pour une Grande Pologne  (pol: Modlitwa o Wielką Polskę), qui se termine par les mots: « Seigneur, daigne nous donner une Pologne grande et juste, qui sera semblable à Ton Royaume. Amen. »

En avril 1936, il est convoqué pour quelques semaines afin d’accomplir des exercices militaires, qu’il quittera avec la conviction que les militaires sont insuffisamment armés et leur préparation à une éventuelle guerre est insuffisante.

Doboszyński est l’organisateur d’une action qu’on surnomme « l’expédition de Myślenice ». Le 22 et 23 juin 1936, il prend la tête d’un groupe de 70 adeptes du mouvement national pour occuper la ville de Myślenice. À son avis, c’est là une démonstration politique contre les agissements de la police et de l’administration et une réponse aux répressions du staroste local, qui harcèlait les membres du mouvement national. Le détachement, commandé par Doboszyński, occupe pendant plusieurs heures Myślenice. On désarme le poste de police, coupe les câbles téléphoniques, met à sac l’appartement du staroste et détruit plusieurs magasins juifs. Doboszyński a donné l’ordre de saccager les articles et les biens, mais a interdit tout vol.  Lors de la poursuite des assaillants, des coups de feu sont tirés et deux des participants de l’expédition décèdent. Légèrement blessé, Doboszyński, malgré la possibilité de fuir en Tchécoslovaquie, se rend à la police.

Le procès des 47 accusés se déroule du 9 mai au 6 juin 1937, devant le Tribunal local de Cracovie. Certains des participants sont condamnés à des peines de plusieurs mois de prison. En juin 1937, commence le procès de Doboszyński. Il affirme du procès, que ce fut une manifestation politique contre les actions de la police et l’administration dans la circonscription de Myślenice. On formule contre lui une douzaine de griefs, dont celui d’avoir formé et dirigé une organisation armée. Le 26 mai 1937, le tribunal juge qu’il n’est pas responsable des faits dont on l’accuse. Cependant, par une décision du Tribunal de haute instance, on transfère l’affaire au Tribunal local de Lwów , qui le condamne à deux ans de prison. Finalement, grâce au jugement de la Cour d’appel de Lwów, il est condamné à trois ans et six mois de détention. En février 1939, le Ministre de la justice de Pologne, lui octroie six mois de congé, pour cause de santé déficiente.

L’expédition sur Myślenice et le procès qui a suivi, lui ont apporté une grande notoriété auprès des jeunes du Parti National (SN). En mars 1939, il entre au Comité général du mouvement national. Lors de la réunion électorale du mouvement, il soutient au poste de président la candidature de Zygmunt Berezowski, tout restant candidat à la  vice-présidence du Comité principal.  L’élection de Tadeusz Bielecki à la direction du Part National, a mis fin aux projets de Doboszyński.

Durant son séjour en prison, Doboszyński rédige un livre: Le régime national. Des extraits ce celui-ci intitulés Les conjurations, paraissent dans la presse d’orientation nationale et sous forme d’une brochure. Il y critique le fait de former des conjurations afin de diriger le Parti National. Il y constate que toute forme de participation à une conjuration est contraire aux obligations d’un catholique. À son avis, le coup d’État de mai 1926, a dévoilé les faiblesses du mouvement national, qui a été paralysé par l’influence de la franc-maçonnerie, implantée secrètement dans la Ligue Nationale après la Première guerre mondiale. C’est pourquoi elle a été dissoute en 1928 par Roman Dmowski qui a fondé une nouvelle organisation intelligible pour tous - Le Parti National. D’après Doboszyński, depuis plusieurs années la politique intérieure de la Pologne subissait une sorte d’impuissance, situation qui consistait dans l’incapacité du mouvement national à « saisir le pouvoir ».  La cause en serait une éducation de conspirateurs, formant  les esprits de l’élite nationale, soumise ainsi aux manipulations de la maçonnerie.

En septembre 1939, Doboszyński, déchu de ses droits civiques pour cinq ans, n’est pas appelé sous les drapeaux. Il se porte donc volontaire pour servir dans un bataillon de sapeurs, où il devient chef de peloton. Blessé le 21 septembre, il est fait prisonnier par les Allemands, s’échappe et fuit vers la Hongrie. À Budapest, il rencontre Tadeusz Bielecki, à qui il présente sa conception visant à dissoudre les organisations nationales en vigueur et la  création à leur place d’une seule entité, unifiée. L’idée n’est point approuvée par le président du Parti National. Il quitte Budapest,  passe par l’Italie et arrive en France. Ayant reçu un avancement au grade de lieutenant de réserve, il commande un peloton de sapeurs, renforçant entre autres la Ligne Maginot. Pour sa participation à la campagne française de juin 1940 et pour avoir fait preuve de courage et de discernement, il est décoré de la Croix des Braves par les Polonais et par la Croix de Guerre, par la France. Il est à nouveau fait prisonnier par les Allemands et s’évade une seconde fois. Malgré les multiples difficultés, il rejoint Lisbonne, d’où il se rend en Grande Bretagne. On le dirige alors en l’Écosse, dans la 7e Brigade des Tirailleurs pour cadres.

En 1941, Doboszyński publie un livre intitulé: Une grande nation, dans lequel il développe son concept de « grande nation »,  idée, qui durant les années trente du XXe siècle, a été formulée par Tadeusz Piasecki et Wojciech Zaleski, publicistes aux convictions nationales. La seconde partie de La grande nation, paraît en 1943.

Le point de départ des réflexions de Doboszyński sur le concept de « grande nation », est le principe, pris de l’école britannique de sociologie, qu’au cours de l’histoire, fonctionnaient des « nations ethniquement homogènes, issues d’un seul peuple, ainsi que des nations composées, multiples », pour lesquelles il utilise les termes de « grande nation ». Les grandes nations seraient donc : la Communauté britannique, les États-Unis, divers pays d’Amérique latine, la Chine, l’Inde, la France, l’Allemagne, l’Espagne, la Yougoslavie et même l’Union soviétique.

Pour Doboszyński, l’exemple par excellence d’une grande nation est la Première République de Pologne. Il souligne que l’État des Jagellons était capable de sauvegarder le respect des différences ethniques et de soutenir le processus de création d’une grande nation. Le rayonnement de cette approche avait donné à la Pologne, « les plus grandes personnalités politiques, allant de Chrobry à Mickiewicz ». Doboszyński considère, que si les démembrements n’avaient pas interrompus ce processus, une grande nation, présente de Gdańsk à la Mer Noire, serait devenue tangible et la République se serait consolidée au niveau national, comme l’a été la France, la Grande Bretagne, l’Espagne et la Russie.

Cette tradition a été interrompue par la Pologne devenue souveraine. D’après Doboszyński, les conceptions politiques les plus importantes de la période datant de la II République polonaise, à savoir : l’idée  nationale - postulée par le Parti national démocrate - et l’idée étatique, celle du camp de Piłsudski (sanateurs) . Toutes les deux étaient irréelles. La conception nationale menait irrémédiablement vers un conflit avec les nationalismes ukrainiens, lituaniens et tchèque, tandis que la proposition d’une nation étatisée n’a pas été acceptée par les minorités nationales habitant dans l’enceinte de l’État polonais.

Doboszyński propose donc la formation d’une entité sous forme d’un État - l’Union des Slaves occidentaux. Il croit dans la possibilité de constituer un « grand peuple de Slaves occidentaux ». La nouvelle communauté de nations devrait être créée par les Polonais, les Ukrainiens, les Tchèques, les Slovaques et les Lituaniens.

Doboszyński remarque qu’un État national, uniforme au niveau ethnique est pour la plupart des cas antihistorique et antisociologique. C’est pourquoi la condition requise pour le développement d’une civilisation, est l’union de plusieurs peuples dans un seul État. Pour que ce processus ait lieu de manière juste, on devra respecter les différences ethniques, linguistiques, culturelles, tout en se fondant dans une même communauté de cette grande nation.

Il est convaincu, que la période de l’après-guerre, exige la constitution d’une organisation internationale qui va coordonner la politique à l’échelle globale. La formule d’une « humanité en tant que multiplicité de nations » est aussi conforme avec la catholicité et un point de vue national sur le monde. Il a rappelé que l’idée d’organiser le monde en un tout unifié est un des postulats de l’universalisme catholique.

Les conceptions fédératives de Doboszyński sont la négation d’un stéréotype qui veut que le camp national soit fermement opposé à toute forme d’intégration. Il en est autrement des jugements de ce dernier et des prévisions réelles de sa part.

Doboszyński est critique envers la direction du Parti National au sujet de l’admission du général Władysław Sikorski au gouvernement. Il le considère comme quelqu’un qui a trahi les idéaux de Dmowski. D’après lui, Sikorski n’était pas un homme politique indépendant, et le « Parti du travail », ainsi que les politiciens du Front Morges, étaient sous influence de la franc-maçonnerie française. La cause directe du départ de Doboszyński du Parti National en novembre 1940,  vient de l’interdiction faite par la direction du Parti à l’abbé Stanisław Bełch, d’éditer la revue «  Je suis Polonais ». La publication paraissant depuis août 1940, a été fermée fin juin 1941, car les autorités britanniques avaient refusé de livrer du papier.

Le 1 mars 1941, Doboszyński publie  dans les colonnes de « Je suis  Polonais », une lettre ouverte à Antoni Słonimski, qui est une polémique avec les opinions du poète sur l’imaginaire concernant la Pologne et l’Europe de l’après-guerre. Doboszyński croit dans la vitalité du nationalisme et rejette une fédération européenne, qui serait pareille aux États-Unis d’Europe, dominée par un nationalisme britannique. À cause de sa lettre, Doboszyński est relégué par le général Sikorski dans un camp, créé par les autorités britanniques, où l’on interne les officiers qui n’ont pas reçu d’affectation - à Rothesay sur l’île Bute. Il y restera d’avril à décembre 1941. Le nombre d’officiers, principalement des adeptes de Piłsudski et des nationaux, ne dépassait pas huit cents. Bon nombre d’entre eux vont être par la suite mis à la retraite. Doboszyński en faisait partie.

En 1942, il prend part à Perth, en Grande Bretagne, aux premières recollections fermées, prêchées par le Père Józef Maria Bocheński. Il a alors déclaré, que si Dieu leur permet de survivre à la guerre et de revenir en Pologne, chaque participant va consacrer deux semaines travail à la construction du Temple de la Providence divine à Varsovie. L’abbé Bełch est pour Doboszyński une grande autorité morale, avec qui  il partage un grand intérêt pour la pensée de Saint Thomas d’Aquin. Adam participe au cercle thomiste animé par l’abbé Bełch. Certes, Doboszyński se considère comme thomiste, mais il prévient de ne pas accentuer unilatéralement l’aspect rationnel de l’homme, comme le font certains « zélateurs extrémistes de la pensée thomiste ».

Dans l’avant-propos (non publié) de la traduction polonaise du livre de William Purcell Wilcutt: La psychologie moderne à la lumière de la pensée catholique (Londres, 1945), il se montre peu disposé à accepter ce qu’on appelle alors le catholicisme français, représenté par Jacques Maritain et François Mauriac, et reste décidemment du côté de G.K. Chesterton. Selon Doboszyński, le combat pour l’avenir du monde se jouera entre le monde catholique (la sainteté de tous les catholiques) et le protestantisme (formé de sages laïcisés et de groupuscules armés communistes). Ceux qui confessent le protestantisme deviendront alors soit des athées, soit reviendront à Rome.

De retour de son internement de l’île Bute, Adam Doboszyński s’engage dans la rédaction et l’édition du périodique « Combat « (pol : Walka », sous la direction de Zygmunt Przetakiewicz. Le premier numéro de la revue paraît en octobre 1943, le dernier en novembre 1943. Il y a  en somme 18 parutions du périodique, colporté parmi les soldats du I Corps d’Armée polonais en Écosse.

Doboszyński soutient la position du président du Parti National, J. Bielecki, dans la critique du contenu des accords Sikorski-Majski, de juin 1941. Tous deux ont convoqué début 1942, le « Comité du Parti National pour les affaires étrangères » (KZON), dont le but de consolider les milieux nationaux. C’est Bielecki qui devient le président du Comité, organisme formé de membres issus du Parti national, des partis acolytes appelés « ONR-ABC » et « RNR-Phalange », ainsi que de personnes aux options nationales, mais non organisées.

Dans le cadre du journal « Combat », Doboszyński propage l’idée d’une « grande nation », y exprimant ainsi ses opinions socio-politiques et décrivant les divers régimes. Pour ce qui est de ces derniers, il développe les idées fondatrices  de l’« Organisation politique de la Nation » (OPN). L’organisation, devait selon Doboszyński remplir par analogie le même rôle que jouait la franc-maçonnerie dans les sociétés protestantes, sans laquelle les régimes modernes et démocratiques n’auraient aucune chance de fonctionner. L’Organisation devait focaliser tous les partis politiques.

Le 20 février 1943 dans un numéro spécial joint au journal « Combat », il publie une « Lettre ouverte au président Władysław Raczkiewicz et au général Kazimierz Sosnkowski », dans laquelle il accuse le général Sikorski de vouloir cacher les buts de la politique des soviets envers la Pologne. Plus tôt, il publie dans le même « Combat » deux notes diplomatiques secrètes  adressées à l’ambassade polonaise à Kuibischev. Dans l’une d’elles, on informait qu’à partir de l’agression du 17 septembre, toute personne se trouvant se disant polonaise - sur le territoire de l’URSS -, était déchue de sa citoyenneté.

Doboszyński  appelle le président Raczkiewicz à « mobiliser l’opinion du monde entier pour la défense de la Pologne contre les soviets » et demande la formation d’un gouvernement ayant à sa tête le général Sosnkowski. L’initiative de Doboszyński consolide les ennemis de Sikorski : les partisans de Piłsudski, une partie des nationaux et les socialistes; toutefois l’affaire ne s’est pas terminée par une crise politique. En réaction, le général Sikorski ordonne l’arrestation de Doboszyński et de Przetakiewicz, pour avoir « divulgué un secret d’État, offensé le Commandant suprême  et semer le trouble dans l’armée ». Peu de temps après, Doboszyński est relâché, mais on a annulé son avancement au grade de lieutenant. Comme prétexte pour prendre cette décision, on a utilisé les 3,5 ans de prison auxquels il a été condamné en 1936, pour avoir organisé l’expédition de Myślenice.

Dans le dernier numéro de « Combat », paraît un article de Doboszyński intitulé L’économie du sang. Il y décrit le scénario le plus probable des événements à venir: l’occupation par l’armée soviétique des territoires Est de la Pologne, puis de toute la Pologne, la déportation des élites nationales dans les camps de travail soviétiques, la terreur du NKWD et, si besoin, l’incorporation du pays à l’Union soviétique. Doboszyński est convaincu que le monde occidental, mis en danger par l’impérialisme moscovite, va lui faire face dans un ultime combat. Dans pareille situation, il considère qu’une économie du sang comme la question la plus importante : non une intervention militaire, mais le fait d’adopter une stratégie de survie. Une insurrection serait l’équivalent d’une liquidation définitive des éléments dirigeants de la société et rendrait impossible le fait de saisir une opportunité dans la conjoncture internationale pour retrouver la liberté. Pour arrêter d’éventuelles actions visant une insurrection, il projette de se rendre clandestinement en Pologne.

Début 1944, Doboszyński entreprend de constituer avec l’aide d’anciens membre de l’ « ONR-ABC » et du groupe « Szańca »(fr. : La tanière), un nouveau milieu politique qui serait formé d’adeptes  du mouvements national et de sympathisants nationaux de Piłsudski, sous le nom de Génération d’une Pologne Indépendante. Il s’engage aussi dans les actions du Club fédératif d’Europe centrale, qui regroupe les adeptes de l’idée de l’espace dit «fédération entre les mers » (pol: międzymorza) ainsi que des représentants  des pays situés entre la mer Baltique, la Mer Noire et la Mer Adriatique.

Durant les années 1945-1946, Doboszyński  porte son attention vers des considérations économiques. Il traduit en langue polonaise La crise de la monnaie britannique de l’économiste Christopher Hollis et une Courte histoire de l’Angleterre de G.K. Chesterton. En 1945 il publie en anglais L’économie de la charité  (ang: The Economy of Charity), qui est une version agrandie du volume « L’économie nationale ». Stanisław Grabski a fait un critique acerbe des thèses qui y sont présentées, les qualifiant de « rêveries utopiques, dénuées de fondements réels et scientifiques ».

L’année d’après, il publie une Petite encyclopédie des idées sociales. Il est aussi l’auteur de la brochure Les petites exploitations et les communautés, et Deux aires du nationalisme. À Munich, il édite la revue « Universum » (1946). Vers la fin de l’année, paraissent ses Études politiques, recueil d’articles et d’exposés écrits durant l’émigration, où se trouvent ses réflexions non publiées au sujet de régimes politiques, intitulées Regimen commixtum (fr: Un régime mixte). En mai 1946, il écrit un article: Le Parti National après la mort de Dmowski, dans lequel il accuse la direction du Parti, d’avoir délaissé la ligne politique du programme de Dmowski, et d’avoir rejeté l’idée d’une Organisation Politique de la Nation, pour un système politique multipartite.

Le 23 décembre 1946, avec l’aide du courrier Marian Pajdak, il traverse la frontière polonaise. Après sept années d’absence, il veut prendre connaissance de l’état socio-politique du pays. Il est convaincu qu’un conflit entre les pays occidentaux et l’Union soviétique éclatera bientôt. Il projette de créer un centre catholique national, composé de vingt à trente des plus éminents représentants de cette mouvance politique. Il rencontre donc une dizaine de personnes - membres du Parti National (SN), dont  Władysław Jaworski, Władysław Gałka, Kazimierz Iłowiecki, Kazimierz Kobylański, Szymon Poradowski, Jerzy Redke et Alojzy Targ. Et dans les milieux catholiques sociaux, il prend contact avec Jerzy Braun, l’abbé Jan Piwowarczyk et Kazimierz Studentowicz. En mars 1947, il revoit sa sœur Jadwiga Malkiewicz. Il accomplit plusieurs voyages à travers la Pologne, se rendant à Cieszyn, Gliwice, Wrocław, Zebrzydowice, Łódź, Poznań, Varsovie et les localités des environs - Brwinów et Otwock. Toutes les personnes avec lesquelles il s’est rencontré ont été arrêtées et condamnées à des années de prison. Il semblerait que les services de sécurité polonais (UB), étaient au courant de sa présence en Pologne, ceci dès qu’il avait traversé la frontière. Fin mai 1947, on arrête M. Pajdak, sur lequel on trouve des données personnelles dont se servait Doboszyński, à savoir - Władysław Więcek, ingénieur de Wrocław.

À la mi-mai 1947, il écrit son dernier livre À mi-chemin, qui est une synthèse de ses convictions sur les questions internationales, les régimes politiques et l’économie. Vu la perspective d’un conflit armé, il y préconise une stratégie de survie. Il est fort critique envers la décision permettant l’éclatement de l’Insurrection de Varsovie, qui a facilité aux Soviétiques une main mise sur la Pologne. Il considère que la Pologne ne pourra recouvrir sa souveraineté, qu’après la défaite de la Russie et la dislocation de l’empire des soviets.

Doboszyński est arrêté le 3 juillet 1947. L’investigation est dirigée par le directeur du département des enquêtes du Ministère de la sécurité publique, le colonel Józef Rożański et le général Roman Romkowski. Les interrogatoires sont menés par le sous-colonel Adam Humer et le lieutenant Roman Laszkiewicz. Doboszyński est soumis à toute une gamme de tortures en vigueur dans les services de l’UB. L’enquête s’oriente vers une accusation pour espionnage au profit des Allemands et Américains. Les fonctionnaires des services de sécurité, sur ordre des autorités communistes, veulent y joindre un élément lié au Vatican. On interroge à cette fin, avec brutalité, la religieuse soeur Zofia Luszkiewicz, une amie de la famille Doboszyński. Après avoir traversé la frontière, elle avait permis à Doboszyński de séjourner dans une maison de repos, tenue par les Soeurs grises à Kalwaria Zebrzydowska. Durant le soi-disant interrogatoire, on l’a forcée de signer un compte-rendu, dans lequel elle aurait déclaré que Doboszyński est venu en Pologne, suite à une missive du pape Pie XII, voulant transmettre au cardinal Adam Sapiecha, la demande de former un réseau d’espionnage au service de l’Allemagne.

Au cours des accusations contre Doboszyński, on arrête 25 personnes. Le procès commence le 18 juin 1949. Le tribunal est présidé par le sous-colonel Franciszek Szeliński. Les jurés sont : le major Władysław Turański et le capitaine Hipolit Traczyński. L’accusateur est le colonel Stanisław Zarakowski. Dans l’acte d’accusation, il est mentionné que Doboszyński a essayé d’attenter à la souveraineté de l’existence de l’État polonais, en agissant comme agent de l’espionnage allemand, pour le compte de l’Allemagne hitlérienne et des intérêts des milieux impérialistes anglo-saxons. À la question du président du Tribunal militaire régional, Franciszek Szeliński - Est-ce que l’accusé avoue sa faute, Doboszyński répond : «  Non, mes dépositions pendant l’enquête ont été obtenues par la torture, quatre jours durant, j’ai été sans cesse battu et supplicié ». Le procureur Zarakowski affirme que c’est là un procès historique, une Targowica moderne. Il demande la peine de mort. Au moment de prononcer ses dernières paroles au procès, Doboszyński déclare: «  Face à la mort, que le procureur demande à mon égard, en tant que croyant et catholique, je soutiens avec fermeté le serment que j’ai déjà fait en cette salle, pour moi le plus saint des serments - sur le sang et la passion du Christ - et j’ajoute en cet instant - sur le salut de mon âme - que je n’ai jamais été dans les services allemands, ni américains, ni aucun autre service ».

Le 11 juillet 1949, le Tribunal militaire régional condamne Doboszynski à la peine de mort.

Le procès est un procès qui se veut un modèle du genre et est transmis par la radio et la propagande des journaux communistes. Le président Bolesław Bierut n’a pas usé de son droit de grâce, ce qu’avait demandé l’avocat  de la défense, maître Mieczysław Maślanko. Le 29 aôut 1949, Doboszyński est assassiné à la prison de Mokotów à Varsovie. Son corps n’a jusqu’à présent pas été retrouvé.

Józef Swiatło, vice-directeur du Xème Département du Ministère de la sécurité publique (pol: MBP), dans ses allocutions- après avoir fui la Pologne - à la Station « Radio Europe Libre », affirme, qu’après le procès, les juges et le procureur avaient reçu - en guise de gratification - des colis de cinq kilos de denrées alimentaires.

Le 26 avril 1989, par décision du jugement de la Cour Suprême de Pologne, Adam Doboszyński a été innocenté. Lors de la révision du procès, l’avocat de la défense, Tadeusz de Virion, déclare que le procès de Doboszyński (1949) avait un but historique à remplir. Il fallait souiller la Pologne Indépendante et salir la période d’occupation. Dans la personne de Doboszyński, on jugeait le « représentant dépravé, vermoulu et pourri, d’une Pologne qui en fait était sainte et indépendante ».

Sur la tombe de la famille Doboszyński, au cimetière de Rakowice à Cracovie, une plaque commémorative a été érigée. Une autre a été placée sur la maison, 3 rue St-Anne, où il est né et a habité, ainsi qu’à Chorowice, son domaine familial. On a commémoré son martyr sur le monument dédié aux prisonniers politiques ayant combattu pour une Patrie souveraine - innocents exécutés à Varsovie dans les années 1945-1956, qui reposent dans le carré «Ł» du Cimetière militaire de Powązki à Varsovie.

Il était l’un des plus éminents promoteurs et publicistes du mouvement national. Il a entrepris des actions qui suscitent la controverse, comme l’expédition de Myślenice ou son retour en Pologne  (1946). Certaines de ses idées étaient originales et sortaient de l’acception traditionnelle de la pensée nationale. Le réalisme des appréciations d’Adam Doboszyński, se conjuguait avec un idéalisme  poussé à l’extrême.